Le lien profond entre la réprimande de Moïse, la destruction du Temple et l'espoir de la rédemption.
La Parachat Devarim, toujours lue le Shabbat précédant Tisha BeAv, ouvre le dernier discours de Moïse. Ce sont des paroles de réprimande et un résumé de quarante années d'errance dans le désert. Moïse rappelle par allusions le péché des explorateurs, un péché qui fut la racine de la destruction et des pleurs pour des générations. Et c'est précisément de ces paroles dures que nous trouvons le chemin vers la consolation et l'espoir.
Moïse commence ses paroles en détaillant les endroits où les Israélites ont irrité l'Éternel. Il mentionne Paran, le lieu du péché des explorateurs, et réprimande le peuple pour avoir méprisé une terre de délices. Ce n'était pas seulement une erreur, mais un rejet du don de D.ieu et de leur destinée.
Le péché des explorateurs fut si grave qu'il transforma la nuit de Tisha BeAv d'une nuit de joie potentielle (les explorateurs sont revenus à Tisha BeAv) en une nuit de pleurs pour toutes les générations. Ils ont fait perdre à toute une nation le droit d'entrer en Terre Promise.
De manière surprenante, au milieu de la description de la punition de la génération des explorateurs, Moïse insère son histoire personnelle : "Contre moi aussi, l'Éternel s'irrita à cause de vous, en disant : 'Toi non plus, tu n'y entreras pas.'" Apparemment, les versets font référence au péché des eaux de Meribah, mais Moïse lie son sort à celui du peuple dans le péché des explorateurs.
Selon le sens simple, Moïse a été puni pour avoir frappé le rocher au lieu de lui parler. Mais ici, Moïse dit au peuple : "à cause de vous". Les commentaires expliquent que le comportement du peuple au fil des générations, qui a commencé avec le péché des explorateurs, a finalement conduit à la situation où Moïse a frappé le rocher. La mort de Myriam, qui fournissait le puits, a provoqué une pénurie d'eau, qui a entraîné les plaintes du peuple, qui ont conduit au péché de Moïse.
Il leur dit : Si vous aviez été méritants, Myriam aurait vécu, le puits aurait continué, et je ne serais pas arrivé à cette situation. La responsabilité est partagée. Si vous aviez mérité d'entrer en Terre Promise immédiatement après deux ans dans le désert, Myriam, Aaron et moi serions entrés avec vous.
Le lien avec la destruction s'intensifie lorsque nous arrivons au Psaume 137, la célèbre complainte des exilés après la destruction du Premier Temple. Le roi David, par son esprit saint, voit l'exil futur et décrit la douleur des Israélites.
Ce n'est pas seulement une description historique. C'est l'expression d'une profonde douleur émotionnelle, de la perte du foyer spirituel et physique. Ils sont assis au bord des fleuves de Babylone, et le souvenir de Sion les fait pleurer.
Le psaume continue, décrivant la demande de leurs ravisseurs babyloniens :
Les Babyloniens, qui ont capturé les Lévites, leur demandent de jouer de leurs harpes et de chanter les cantiques du Temple pour se moquer d'eux. Les Lévites, habitués à jouer avec sainteté dans le Temple, font face à un terrible dilemme.
La réponse des Lévites est un acte de sacrifice de soi. Le Midrash raconte qu'ils se sont mordu le bout des doigts jusqu'à les couper pour ne pas pouvoir jouer. Ils disent : "Comment chanterions-nous le cantique de l'Éternel sur une terre étrangère ?". Ils refusent de profaner la sainteté du chant et de la musique qui étaient destinés uniquement au service de D.ieu dans le Temple.
De cette douleur et de ce refus naît le serment éternel, un serment que chaque marié prononce sous la houppa :
Ce n'est pas seulement le serment des Lévites en exil à Babylone. C'est la voix du roi David, et plus profondément, c'est la voix du Saint, béni soit-Il, Lui-même. Le Zohar sacré explique que D.ieu a juré par Sa main droite, pour ainsi dire, qu'Il n'oublierait pas Jérusalem.
Le Saint, béni soit-Il, dans Son amour pour le peuple d'Israël, a juré qu'Il n'oublierait pas Sa promesse de reconstruire Jérusalem. Même lorsqu'Il punit Israël pour ses péchés, Il pleure sa destruction. Sa joie ne sera pas complète tant que Jérusalem ne sera pas reconstruite dans son intégralité, et le mot "Jérusalem" (Yeroushalayim) lui-même fait allusion à "Crainte/Révérence" (Yira) et "Complet" (Shalem) - la complétude qui viendra à la fin des temps, lorsque le monde entier reconnaîtra la royauté de D.ieu.
Le roi David voit dans son esprit saint non seulement la destruction du Premier Temple par Babylone, mais aussi la destruction du Second Temple par Édom (Rome), et demande à D.ieu de se souvenir du jour de la vengeance. La rédemption complète inclut la reconstruction de Jérusalem et la chute de ses ennemis.