Basé sur les enseignements du Rav Zamir Cohen
La Parachat Ekev continue le grand discours de Moïse au peuple d'Israël. Plus qu'un simple récit, cette section de la Torah se révèle être un véritable guide pratique pour la vie intérieure. Elle nous enseigne comment transformer notre approche des relations, des défis personnels et de notre connexion au Divin, en nous montrant comment passer du superficiel à l'essentiel.
Le discours s'ouvre sur un principe fondamental : une seule action ou qualité de base, la "racine" (*Shorèsh*), est la source de toutes les autres. Lorsque Dieu demande de "craindre l'Éternel", cela inclut implicitement l'amour, l'obéissance et la marche dans Ses voies. Comprendre cela est la clé de la transformation.
Dans le couple : Au lieu de se disputer sur d'innombrables détails ("les feuilles"), il faut chercher la racine du conflit. Est-ce un manque d'écoute ? Un besoin de respect ? En s'attaquant à la racine, les symptômes disparaissent.
Dans l'éducation : Il faut identifier la "racine" positive d'un enfant, sa qualité fondamentale, et la nourrir. Plutôt que de le définir par ses erreurs, on le définit par son potentiel, l'encourageant ainsi à s'élever.
La Torah nous révèle une vérité psychologique profonde : notre esprit peut et doit gouverner notre cœur. Face à la peur et à l'anxiété qui naissent dans le cœur, la Torah prescrit un remède mental :
La double injonction "souviens-toi" nous enseigne qu'il ne s'agit pas d'une pensée passagère, mais d'un entraînement mental constant. En se remémorant activement les miracles passés et en renforçant notre foi, nous pouvons activement calmer les peurs du cœur. L'homme n'est pas victime de ses émotions ; il en est le maître par sa pensée.
Les difficultés de la vie ne sont pas des punitions, mais des outils de raffinement. Le verset "Comme un homme châtie son fils, l'Éternel ton Dieu te châtie" nous montre que l'épreuve est un acte d'amour, destiné à nous polir et à nous élever. La providence divine, comme au temps des miracles du désert (la manne, les vêtements qui grandissent), est toujours présente, même si elle est plus cachée aujourd'hui.
Un simple crayon illustre ce principe :
Une relation durable et saine, que ce soit avec Dieu ou entre les hommes, ne peut se baser exclusivement sur l'amour (*Ahava*). L'amour est par nature fluctuant. Il a besoin de la stabilité et du cadre offerts par la crainte respectueuse, la révérence (*Yirah*).
C'est la *Yirah* qui empêche l'amour de devenir destructeur lors de ses "baisses" et qui lui donne une fondation solide. La Torah associe toujours ces deux concepts, nous enseignant que l'amour sans le respect est fragile, et le respect sans l'amour est froid. L'harmonie naît de leur union.
Selon l'enseignement du Ari'zal, le monde matériel est un vêtement pour une réalité spirituelle plus profonde. Chaque objet, chaque aliment, contient une étincelle de vie divine. Le verset clé est :
Cela signifie que lorsque nous mangeons, notre corps est nourri par la matière, mais notre âme (*ha'adam* - l'homme par excellence) est nourrie par l'énergie spirituelle, la "parole de Dieu" qui a créé cet aliment. Les lois de la Cacherout sont donc un guide pour l'âme, nous indiquant quelles énergies sont bénéfiques et lesquelles sont nocives pour notre spiritualité.
Le discours se termine en répondant à une question fondamentale sur l'identité. Être Juif n'est pas une simple culture ou nationalité, c'est une structure spirituelle de l'âme, transmise par la mère. Cette âme possède des niveaux supérieurs de connexion au Divin (*Nefesh, Ruach, Neshama...*).
La réponse est non. L'essence de l'âme est immuable. Un non-juif peut se convertir et, par ce processus, "recevoir" ces niveaux d'âme supplémentaires. C'est une addition spirituelle. Cependant, un juif ne peut pas "retirer" ces niveaux. Son identité spirituelle est permanente et intrinsèque. C'est un statut de "famille royale" spirituelle, un potentiel et une responsabilité qui ne peuvent être abandonnés.