1. Introduction
« Vous avez pleuré sans raison ; J’établirai donc pour vous des pleurs pour toutes les générations. »
Nos Sages relient Tou BeAv à la fin des coupes de bois pour l’autel et à la renaissance après les larmes. L’étude qui suit déroule ce passage des pleurs à l’espérance : comment des gestes concrets (abattre une muraille, apporter du bois, reconstituer un shevet, lire les arayot à Kippour, se laver les mains en temps de deuil) deviennent une pédagogie de la consolation.
2. Hoshéa ben Éla & la chute des murailles
Contexte historique
Après la scission du royaume à l’époque de Re’hav’am, Israël et Juda vécurent séparés, Yaro’vam ben Nevat ayant instauré une politique qui éloignait de Jérusalem. Sous Hoshéa ben Éla, dernière période du royaume d’Israël, on abattit les barrières qui empêchaient de monter à Jérusalem : un geste positif pour restaurer le lien avec le Temple.
Ce contraste n’est pas une contradiction : Torah et histoire enseignent que la responsabilité se joue à la fois au niveau du dirigeant et du peuple. Abattre un mur matériel ne suffit pas si les murs intérieurs demeurent.
3. Le bois du Temple – Ezra & Néhémie
Une terre à reconstruire
À l’époque d’Ezra et Néhémie, la terre — notamment la Samarie — était dévastée. Or sans bois, pas de sacrifices ; sans sacrifices, le service (Avoda) s’interrompt. La solution : mobiliser le peuple et organiser des journées familiales dédiées à l’apport de bois. Ces dates furent vécues comme de véritables jours de fête.
Pourquoi Tou BeAv ?
Tou BeAv marque la dernière date propice pour couper et apporter du bois sec et sain. Plus tard dans la saison, le bois risque d’être humide ou véreux, impropre pour l’autel. Dès lors, les cohanim et les familles se dégagent de la corvée et gagnent du temps pour l’étude.
Derrière la logistique des bûches : une nation qui remet l’Avoda au centre, donc la vie au centre.
4. Ingéniosité face à Rome
Sous l’occupation romaine, apporter du bois au Temple était interdit. Des familles pieuses usèrent alors d’ingéniosité : elles fabriquaient des échelles en bois, les transportaient à découvert, puis les démontaient à Jérusalem pour nourrir l’autel. La Guemara conserve deux récits de ce zèle discret et héroïque.
5. La tribu de Binyamin & les danses de Tou BeAv
Après la quasi-disparition de Shevet Binyamin, il resta 600 hommes. Pour reconstruire la tribu, nos Sages instituèrent deux jours où les jeunes filles d’Israël sortaient danser dans les vignes : Tou BeAv et la veille de Yom Kippour. L’objectif : permettre des unions et sauver un shevet de l’effacement.
« Ils virent la lune pleine le 15 (Av). » — Symbole de plénitude, de rendez-vous et de réparation.
6. Yom Kippour & le “Satan”
Tradition célèbre : le “Satan” a 364 jours d’emprise par an ; un jour, Yom Kippour, il n’accuse pas. La lecture des arayot (interdits sexuels) ce jour-là est comprise comme une mise en garde et une pédagogie de la pureté à l’instant même où l’accusation se tait.
7. Nétilat Yadaïm – le fil des raisons
Pourquoi lave-t-on les mains ?
- Roukha ra’ah : dissiper l’esprit d’impureté au réveil.
- Propreté pour la tefila : respect de la prière et du Nom.
- Contact avec parties couvertes : exigences de pureté/présentation.
- Safek : en cas de doute sur la raison principale, on adopte la conduite qui couvre les raisons (sans multiplier les bénédictions à tort).
8. Leçon & conclusion – Ne jamais désespérer
Le fil discret de ces épisodes (mur abattu, bûches offertes, tribu restaurée, accusation tue, mains lavées) dessine une même pédagogie : transformer. Transformer l’obstacle en passage, la honte en dignité, la nuit en aube. Tou BeAv n’est pas une parenthèse romantique ; c’est la joie de la réparation.
לֹא יִתְיַאֵשׁ אָדָם מִן הָרַחֲמִים
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