Valeur numérique : 70
L'Œil - La Source - La Profondeur
La lettre Ayin (ע) entra devant le Saint, béni soit-Il, et lui dit : "Maître du monde, qu'il Te plaise de créer le monde avec moi, car c'est avec moi que commence le mot עֲנָוָה (Anavah - Humilité). C'est par moi que les humbles peuvent s'élever vers Toi. Je suis aussi la lettre de עֵדֶן (Eden), le Jardin primordial de délices !"
Le Saint, béni soit-Il, lui répondit : "Ayin, tu es certes belle et représentes l'humilité, mais tu commences aussi le mot עֶרְוָה (Ervah - Nudité/Indécence), et je ne peux fonder le monde sur ce qui révèle ce qui doit rester caché. De plus, bien que tu sois un œil, tu es aussi silencieuse - tu n'as pas de son propre. Tu resteras pour observer la création, mais tu ne la commenceras pas."
Ayin enseigne le mystère de la vision profonde : L'œil qui voit vraiment est celui qui regarde au-delà des apparences. Ayin représente la capacité de percevoir le divin caché dans le matériel, la sainteté dissimulée dans la profanation.
Ayin signifie "œil" en hébreu (עַיִן - Ayin). Sa valeur numérique est 70, représentant les 70 nations du monde, les 70 facettes de la Torah, les 70 anciens d'Israël. 70 symbolise la totalité de la diversité dans l'unité.
Comme Aleph, Ayin est une lettre silencieuse. Elle n'a pas de son propre - elle reçoit la voyelle qui l'accompagne. Mais alors qu'Aleph représente le silence de la transcendance divine, Ayin représente le silence de l'observateur - celui qui regarde profondément sans juger.
Ayin commence le mot עֵדֶן (Eden) - le Jardin d'Eden. Avant la faute, l'œil d'Adam voyait la réalité telle qu'elle est vraiment : un jardin de délices divins où chaque chose révélait son Créateur.
Après la faute, l'œil (Ayin) a été affecté. Il voit maintenant עֶרְוָה (Ervah) - la nudité, l'apparence extérieure qui cache l'essence. Le travail de l'homme est de réparer son Ayin, de réapprendre à voir le divin dans le matériel.
La forme d'Ayin ressemble à deux Zayin (ז) reliés - un en haut et un en bas, formant une sorte de nœud. Cela symbolise la connexion entre les mondes - l'œil qui voit simultanément le matériel et le spirituel, le révélé et le caché.
Le Baal Shem Tov enseigne : "L'œil avec lequel je vois D.ieu est le même œil avec lequel D.ieu me voit." Ayin représente cette vision mutuelle - quand l'homme élève son regard vers D.ieu, D.ieu abaisse Son regard vers l'homme.
Ayin commence le mot עֲנָוָה (Anavah - Humilité). Pourquoi l'humilité est-elle liée à l'œil ? Parce que l'œil humble voit vraiment - il ne projette pas ses illusions sur la réalité. L'orgueilleux est aveugle, car il ne voit que son reflet partout. L'humble voit D.ieu en toute chose.
Ayin = 70, le nombre des 70 visages de la Torah. La Torah peut être interprétée de 70 façons différentes, toutes vraies. Pourquoi ? Parce que chaque âme la voit avec son propre Ayin, et chaque vision révèle une facette différente de la vérité infinie.
70 est aussi le nombre des 70 nations. Chaque nation a sa propre manière de voir le monde, sa propre perspective. Mais toutes ces visions convergent vers l'Unique - 70 yeux qui regardent tous vers le même Créateur.
Les 70 anciens d'Israël représentent la sagesse collective. Un œil seul peut se tromper, mais 70 yeux ensemble voient plus clairement. Ayin enseigne l'importance du conseil collectif.
Le Zohar révèle qu'Ayin a deux formes secrètes : un œil ouvert (qui voit) et un œil fermé (qui médite intérieurement). La vision externe et la vision interne doivent s'unir. L'œil qui regarde le monde et l'œil qui regarde l'âme doivent voir la même vérité.
עַיִן (Ayin) - Œil : "L'œil qui voit et l'œil qui est vu." L'œil humain reflète l'œil divin. Quand nos yeux sont purs, nous voyons D.ieu partout.
עֵדֶן (Eden) - Délice : Le Jardin d'Eden était un lieu où l'œil voyait la vérité sans voile. La rédemption consiste à retrouver cette vision pure.
עֲנָוָה (Anavah) - Humilité : L'humilité ouvre l'œil intérieur. L'orgueilleux est aveugle, l'humble voit clairement.
עוֹלָם (Olam) - Monde : Le monde (Olam) vient de la racine עלם (cacher). Le monde cache D.ieu. Le rôle d'Ayin est de percer ce voile, de voir à travers le caché.
עֶבֶד (Eved) - Serviteur : Le vrai serviteur a son œil constamment fixé sur son Maître, comme il est dit : "Les yeux des serviteurs vers la main de leurs maîtres."
Le refus divin révèle qu'Ayin ne peut commencer la création car elle représente la vision après coup, pas la vision créatrice. D.ieu crée d'abord, puis l'œil observe. L'œil ne précède pas l'être, il le contemple.
Cependant, le Zohar enseigne qu'Ayin a un rôle crucial : elle est l'Œil de la Providence (Ayin HaHashgaha). D.ieu surveille Sa création avec un œil bienveillant. Rien n'échappe à Son regard.
Ayin enseigne aussi le secret de la Yihira Ilaah (Vision Suprême) - la capacité de voir l'unité derrière la multiplicité. Quand on regarde le monde avec un Ayin purifié, on voit que tout est Un, que toute la création n'est qu'une expression de la volonté divine unique.